« L’Europe impose la malbouffe » : vraiment ?
Les normes de sécurité alimentaire de l'UE sont les plus strictes au monde.
Si l'Union européenne s'est emparée progressivement des questions alimentaires, c'est avant tout parce qu'elle réunit beaucoup d’États au sein d'un marché unique, dans lequel les produits circulent librement. Une ouverture qui augmente les risques d'une mise en danger des consommateurs à grande échelle.
La maladie de la vache folle en 1996 a marqué les esprits. L’Union européenne a réagi très rapidement en bloquant l’importation de viande bovine en provenance du Royaume-Uni.
Ce sont plus de 200 maladies qui peuvent être transmises à travers la chaîne alimentaire, comme la salmonellose (viande de volaille, œufs), la listeria (produits laitiers, viandes et poissons) !
La politique européenne de sécurité alimentaire vise à protéger la santé « de la ferme à la table », tout au long de la chaîne agroalimentaire. Elle assure pour cela des niveaux très élevés de protection en matière de santé, d'hygiène et de bien-être des animaux, y compris pour l'alimentation de ces derniers, et en matière de protection des végétaux.
Si le domaine est vaste et complexe, il peut se résumer en grands domaines d’action
Le principe de précaution et la traçabilité des produits
En principe, aucun produit alimentaire ne doit entrer dans l'UE sans passer une série de contrôles à ses frontières (vérification systématique des documents, et en fonction des risques : analyses complémentaires).
Quant aux aliments échangés entre pays de l'UE, ils doivent être surveillés par chacun des acteurs de la chaîne de production, et notamment par les autorités sanitaires des États membres. Ces autorités doivent respecter plusieurs principes, dont le principe de précaution, qui vise à prendre des mesures proportionnées dans le cas où un aliment présenterait un risque pour la santé des Européens. Ou encore la traçabilité, qui permet de connaître la provenance et le parcours d'un aliment, du producteur à l'assiette.
Une information claire et précise
L’étiquetage doit couvrir toutes les informations essentielles : valeur nutritionnelle et énergétique - allergènes éventuels, indications sur le fabricant, le vendeur, l'importateur, les conditions de stockage. Les additifs et arômes chimiques sont soumis au contrôle de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA, créée en 2002). En France, c'est notamment le rôle de Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) d’assurer le respect des normes européennes.
Des contrôles renforcés
Le bon état de santé des végétaux et des animaux est vérifié par des contrôles obligatoires, réalisés à chaque étape de la chaîne agroalimentaire dans les États membres.
Ces contrôles ont prouvé leur efficacité.
Exemples : les programmes de contrôle de la salmonellose des volailles, établis par l’UE en 2003 dans l'ensemble des États membres, ont permis de réduire de plus de 60% les cas de salmonellose chez l’homme entre 2007 et 2011, ou encore : la politique de l’UE en matière d’éradication des maladies animales a permis en 10 ans de réduire à presque zéro les cas de « vache folle ». Cependant, toutes les menaces ne peuvent être repérées en amont. C’est pourquoi l'UE a mis en place dès 1979 un Système d’alerte rapide (RASFF ou Système d’alerte rapide pour les denrées alimentaires et aliments pour animaux) afin de protéger les consommateurs contre les aliments potentiellement dangereux. Lorsqu’une anomalie est signalée par un État membre, l’alerte est lancée dans toute l’UE. Parfois un seul lot sera bloqué, parfois toutes les cargaisons d'un produit donné, ou bien des produits déjà en rayons seront rappelés. En cas d'épidémie animale ou d’intoxication alimentaire, l’UE peut retracer les mouvements des produits alimentaires pour identifier et éliminer la cause.
Exemple récent : en 2017, 25 États de l'UE - dont la France - ont été touchés par l'épisode des œufs contaminés à l’insecticide fipronil. Des œufs avaient été contaminés - de façon criminelle - dans des exploitations belges et néerlandaises, puis cette contamination s’était répandue à grande échelle. La Commission européenne a immédiatement convoqué les ministres et les représentants des agences de sécurité alimentaire des pays concernés. Le Système d'alerte rapide, combiné à la traçabilité des aliments, a permis de retrouver rapidement et de détruire les produits concernés dans toute l'Union. Afin d'améliorer encore le système, la Commission a proposé de renforcer les liens entre le Système d'alerte rapide et le Réseau de lutte contre la fraude alimentaire (FFN), réseau qui depuis 2013 rassemble des représentants de tous les pays de l’UE, plus la Suisse, la Norvège et l'Islande.
La Commission européenne agit après avoir reçu l'avis scientifique d'EFSA. Les mesures à prendre doivent être proportionnées au risque encouru et l'action est immédiate si les experts concluent à un danger potentiel.
La traçabilité alimentaire est donc au cœur de la politique européenne de sécurité des aliments. Cela permet aussi à l'UE de lutter contre la fraude alimentaire, notamment suite au scandale en 2013 de la viande de cheval au lieu de bœuf (d’ailleurs sans risque pour la santé dans ce cas). La coopération transfrontalière a été renforcée dans ce domaine par la création d'un réseau paneuropéen et des actions de contrôle dans certains secteurs (poisson, miel) ont été lancées.
Plus d’information :
« Sécurité alimentaire » sur le site europa.eu
L'Autorité européenne de sécurité des aliments
Lutte contre la fraude alimentaire
Comments