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L'Ukraine peut-elle exporter ses céréales vers l'UE ?

L’exportation des céréales ukrainiennes : elle est vitale pour l’Ukraine mais source de déséquilibre pour l’agriculture de plusieurs pays voisins.


Le 15 avril la Pologne et la Hongrie ont décidé d'interdire les importations de céréales et d'autres produits agricoles depuis l'Ukraine voisine pour protéger leurs propres agriculteurs. Pourquoi, alors que la Pologne en particulier apporte une aide massive à l’Ukraine et entend poursuivre résolument cette aide ? Cette interdiction avait été décidée sans consultation préalable avec la partie ukrainienne ni avec la Commission européenne.


L’Ukraine est un grand pays agricole, exportateur important de céréales et de produits oléagineux (notamment le tournesol), et l’alimentation de nombreux pays en développement dépend de l’importation de ces produits. Les céréales ukrainiennes destinées à des pays étrangers transitent en partie par l'Union européenne depuis que l'itinéraire majeur d'exportation via la Mer Noire est partiellement bloqué par l'invasion russe. L’Union européenne a décidé peu après l’invasion russe, pour aider l’Ukraine, de donner accès au marché européen pour les marchandises ukrainiennes.

Cependant, en raison de problèmes logistiques, des stocks de céréales s'accumulent notamment en Pologne, faisant chuter les prix locaux, ce qui a conduit à des manifestations d'agriculteurs et à la démission du ministre polonais de l'Agriculture.

En mars, la Pologne, la Hongrie et trois autres États d'Europe centrale et orientale (Bulgarie, Roumanie et Slovaquie) avaient déjà demandé l'aide de l'Union européenne pour trouver une solution au problème provoqué par le prix bas des céréales ukrainiennes. Aide qui avait été accordée fin mars pour les agriculteurs de trois de ces pays, à hauteur de 56 millions d’€.


Très inquiète de voir se multiplier les décisions unilatérales des États membres proches de l'Ukraine faisant obstacle à la circulation des céréales ukrainiennes, la Commission européenne a repris la main le 19 avril, en annonçant aux cinq pays une aide supplémentaire de 100 millions d’€, tout en exigeant le retrait des mesures unilatérales d’interdiction des importations venant d’Ukraine, ces mesures unilatérales étant contraires au fonctionnement du marché intérieur européen, alors que la politique commerciale est une compétence exclusive de l’UE.


Juste avant cela, le 18 avril, la Pologne et l’Ukraine se sont mises d’accord sur une procédure permettant le transit des produits agricoles ukrainiens à travers la Pologne avec des garanties qu’elles ne feront que transiter, sans pouvoir être vendues sur place.


Souhaitons que la conjonction de ces deux mesures permette à l’Ukraine de continuer à exporter ses céréales : ce serait paradoxal et affligeant que l’ouverture du marché européen, faite pour lui apporter une aide dont elle a un besoin vital, se retourne contre elle !


Jean-Jacques SMEDTS

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