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L'Union dégaine ses armes face à la pandémie

Rappelons quelques éléments pour pouvoir évaluer la réponse de l'Union face à cette crise sanitaire :

- La santé ne fait pas partie des compétences exclusives de l'Union. La responsabilité première de la protection de la santé et, en particulier, des systèmes de soins incombe toujours aux États membres.

- Le budget de l'Union ne représente qu'environ 1% du produit intérieur brut de l'ensemble des pays membres ; de plus, il est en grande partie affecté à la politique agricole commune et à l'aide au développement des régions qui sont en retard par rapport à la moyenne européenne.


Ceci étant dit, la Commission européenne a le rôle ingrat, en ces temps de nationalisme renaissant, d'essayer de coordonner l'action des États membres et de les aiguillonner par des propositions. Enfin, la Banque centrale européenne gère la politique monétaire de la seule zone euro et n'a aucun rôle dans la politique budgétaire des États membres.


Malgré ces limites, une réponse massive à la crise a été donnée : le 9 avril, les ministres des finances de l'U.E sont tombés d'accord sur un plan d'urgence totalisant 540 milliards d'euros pour lutter contre les ravages économiques du COVID 19. Ce plan comporte trois volets :

- La Banque européenne d'investissement (B.E.I.) pourra accorder jusqu'à 200 milliards de nouveaux prêts aux entreprises.

- La Commission européenne pourra emprunter sur les marchés financiers jusqu'à 100 milliards pour co-financer avec les États membres le chômage partiel.

- Le Mécanisme européen de solidarité M.E.S. (fonds de sauvetage créé en 2012 à l'occasion de la crise financière) pourra accorder jusqu'à 240 milliards de crédits aux pays les plus touchés par le coronavirus. Les pays d'Europe du Nord (1) ont posé des conditions : le montant ne pourra pas dépasser 2% du produit intérieur brut du pays bénéficiaire et seules les dépenses directement ou indirectement liées à la pandémie pourront être prises en compte.


Par ailleurs, la Commission a décidé de faire sauter quelques tabous :

- La suspension des limites que le Pacte de stabilité avait fixées à l'endettement et au déficit maximaux des États membres.

- L'assouplissement du régime des aides d’État, permettant ainsi aux gouvernements de voler au secours de leurs entreprises.


Enfin, la Banque centrale européenne (B.C.E.) a décidé d'injecter plus de 1 000 milliards d'euros dans l'économie en rachetant des obligations privées et publiques ; elle va pouvoir prêter jusqu'à 3 000 milliards aux banques pour que ces dernières puissent prêter prioritairement aux petites entreprises, aux travailleurs indépendants et aux particuliers.


L'addition de ces chiffres donne le vertige mais d'où vient l'argent et est-ce suffisant ?

En ce qui concerne la provenance des fonds, il a fallu faire preuve d'ingéniosité.

En effet, comme la B.E.I et la Commission n'ont pas de capitaux ou de ressources propres suffisants, elles vont devoir emprunter sur les marchés financiers. Pour les rassurer, les États membres vont garantir les emprunts de la B.E.I et de la Commission à hauteur de 25 milliards pour chacune.

Est-ce suffisant ? Probablement pas car les conséquences de la pandémie sur l'économie et les finances des États ne sont pas encore totalement évaluées. Il va falloir relancer l'économie à l'arrêt comme on réamorce une pompe après un long moment d'inutilisation.

Et c'est là que les gouvernements divergent, certains (les "vertueux" d'Europe du Nord (1) ) considérant que les États d'Europe du Sud étaient déjà mal en point avant la crise du coronavirus en raison de la mauvaise gestion de leurs finances publiques. Ces États vertueux acceptent éventuellement d'assumer les conséquences de la crise mais pas le passif accumulé antérieurement !

Les discussions se poursuivent et la Commission est chargée de trouver la martingale magique pour financer un vaste plan de relance.

On peut espérer que les tensions entre gouvernements européens vont s'estomper dans les semaines à venir car les "vertueux" du Nord ont besoin de vendre leurs produits aux "cigales" du Sud ; alors, à défaut de solidarité, les intérêts bien compris des uns et des autres feront qu'une solution sera trouvée lors d'un sommet (2) de la "dernière chance" !


(1) L'appellation « pays du Sud » est évidemment simplificatrice car on y trouve, outre la Grèce, l'Italie, le Portugal, la Slovénie et Chypre également la Belgique, le Luxembourg, l'Irlande et la France.Le groupe des « pays du Nord » ou « frugaux » rassemble l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, la Suède et les Pays-Bas.


(2) Autre appellation du Conseil européen qui réunit périodiquement les chefs d’États ou de gouvernement des pays membres de l'U.E.

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